Le 14 avril, c'est l'anniversaire de mon frère ainé.
Aujourd'hui, il aurait eu 57 ans.
Sauf qu'il a décidé, il y a 9 ans, qu'il n'irait pas plus loin. Ou sans doute qu'il ne le pouvait pas.
Je n'en sais rien, il ne s'est jamais confié à moi.
A ses autres frères et sœurs non plus je pense.
Mon frère ainé et moi, nous n'avons jamais été très proches. Enfants, nous avons eu de nombreuses disputes. Et comme il était le plus grand, le plus fort, il avait toujours le dessus.
A l'âge adulte, nous nous retrouvions régulièrement pour les fêtes de famille. Plus de mésentente, mais pas grand chose à se dire non plus si ce n'est les banalités du quotidien.
Mais quand un mercredi matin du mois de mars 2007 le téléphone a sonné pour m'apprendre l'horrible nouvelle, une plaie béante s'est ouverte.
La terrible culpabilité de ceux qui restent, qui se reprochent de n'avoir pas vu, pas su, pas pu empêcher l'irréparable.
Depuis, chaque année à cette période, j'ai un petit passage à vide. Il me faut parfois un moment pour comprendre de quoi il s'agit. Et puis tout à coup c'est évident. Même cachée sous des couches de sparadrap, d'activités diverses, d'odeurs et de petites fleurs printanières, la blessure est toujours là.